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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 10:14

SECONDE ÉPOQUE

31 mai 1793 - 18 août 1794

 

      J’arrivai à Lausanne le 31 mai 1793. Je trouvai que la banqueroute qui m’avait effrayé n’avait rien de très alarmant pour ma fortune. En effet elle ne me coûta qu’environ 2 000 écus. Dès que les formalités que mes intérêts exigeaient furent remplies, je quittai Lausanne pour aller voir une ancienne amie, Mme de Chenevière, femme de beaucoup d’esprit, auteur de plusieurs ouvrages assez distingués, bizarre d’ailleurs, et déjà vieille, mais pour laquelle j’avais eu à Paris un sentiment presque semblable à l’amour. Cette femme, qui, après une vie assez agitée, et un mariage d’inclination que sa famille n’avait point approuvé, vivait à peu près seule, dans un village du pays de Neuchâtel, avec un mari qui lui témoignait beaucoup d’égards, mais dont la froideur et les habitudes indolentes ne satisfaisaient ni son imagination ni son cœur, avait plus d’une fois conçu le projet de me retenir auprès d’elle, malgré la disproportion de nos âges. Elle avait fort blâmé mon premier mariage, et bien qu’elle se fût imposé le devoir de le déconseiller le divorce, lorsque je lui avais écrit là-dessus, elle me vit arriver libre ou à peu près, puisque les tribunaux étaient sur le point de prononcer, elle me vit, dis-je, arriver avec un extrême plaisir, et ce fut avec surprise et chagrin qu’elle apprit mon nouvel amour. La passion de l’indépendance m’avait repris pendant la route. Mme de Chenevière n’eut pas une grande peine à fortifier mes impressions dans ce sens. La volonté du père de Cécile renvoyait notre union à une époque indéterminée. Je m’établis donc assez facilement dans l’idée que ce qui était éloigné et incertain pourrait fort bien ne pas arriver. J’écrivis toutefois à ma bonne Cécile qu’au milieu de toutes mes indécisions, j’aimais tendrement, et aussi longtemps que Cécile me répondit régulièrement, je ne laissai pas languir une seule fois cette correspondance dans laquelle je trouvais toujours du charme. Mais Cécile tout à coup cessa de m’écrire. La société de Mme de Chenevière m’était devenue chaque jour plus agréable. Son esprit original, hardi, étendu, me captivait entièrement, dans un temps où l’esprit m’était plus nécessaire qu’il ne me l’est aujourd’hui. L’image de Cécile s’effaça graduellement de ma pensée, et lorsque la nécessité de remplir quelques formalités relatives à mon divorce me rappela à Brunswick, je ne songeais presque plus à nos anciens projets, je les considérais comme abandonnés par Cécile comme par moi, et il ne me restait d’elle qu’un souvenir vague, quoique assez doux. Je retournai à Brunswick le 28 avril 1794. La famille de ma femme avait beaucoup travaillé contre moi en mon absence. Je me vis frappé d’une espèce de proscription sociale, et admis à la Cour parce qu’on ne pouvait m’en fermer l’entrée, à cause de mon rang et de la place que j’occupais, j’y rencontrai un accueil si froid que dès le premier jour je résolus de ne plus m’y présenter. Je tins parole. Mais dans l’isolement où cette résolution me plaçait, je cherchai des distractions. Il y avait à Brunswick une femme de quarante ans, veuve d’un homme de lettres, qui avait été mon ami intime et qui était mort pendant que je voyageais en Suisse. L’attachement que j’avais conservé pour son mari nous lia d’une amitié très étroite. Je pris auprès de cette femme des informations sur Cécile. Elle me la peignit fort détachée de moi, vivant toujours très retirée, suivant son habitude, mais n’ayant paru ni triste de notre séparation ni impatiente de me revoir. Son http://static.lexpress.fr/medias/1063/544493_sans-titre.jpg silence venait à l’appui de ce que l’on me disait. Je voulus pourtant lui faire une visite, et en approchant de sa demeure, j’éprouvai beaucoup d’émotion. Elle ne me reçut pas. Je retournai près de Mme Marcillon, ma nouvelle amie. J’étais un peu piqué contre Cécile, que j’avais cru apercevoir à sa fenêtre. La conversation se tourna naturellement sur elle, et Mme Marcillon me fit une description si animée du malheur que jetterait sur ma vie une liaison qui me remettrait dans la dépendance d’une femme, elle exalta tellement mon imagination sur le bonheur d’une liberté complète, que je formai subitement la résolution de ne point renouer avec Cécile, et d’éviter à tout prix de la rencontrer. Cécile m’écrivit le lendemain pour me témoigner son regret de n’avoir pu me recevoir la veille, et pour me proposer une entrevue le jour même. Je lui répondis un billet poli, mais froid, et qui finissait par un refus. Elle insista. Je continuai à refuser. Elle me demanda instamment de la voir un quart d’heure pour écouter sa justification. Je persistai dans le parti que j’avais pris, avec une obstination qui m’est encore inexplicable, et je lui mandai enfin que les bruits que mon attachement pour elle avait fait naître relativement à mon divorce, le prix que je mettais à détruire ces bruits, et surtout son silence de plusieurs mois avaient produit en moi la détermination de rompre à jamais. Je me croyais bien fort en résistant à Cécile : et dans le fait que je ne faisais que céder à l’influence d’une autre femme, qui, sans but particulier, mais par le seul effet de la haine secrète que les femmes se portent mutuellement, se plaisait à me voir affliger et peut-être humilier une personne qu’elle ne connaissait pas. Cécile partit pour Hambourg deux jours après. Je ne tardai pas à recevoir d’elle une longue lettre. Elle m’expliquait le silence qui m’avait blessé : mais offensée elle-même de mes refus bizarres de la voir une seule fois, elle renonçait à toute relation et à toute correspondance ultérieure. Une sorte de tristesse qui régnait dans sa lettre m’inspira du regret d’avoir repoussé son affection. Je répondis avec tendresse, et je rejetai sur un sentiment trop vif, et sur l’importance que j’avais attachée à ce qui m’avait paru de l’oubli, ma singulière conduite. Je lui proposai de me rendre à Hambourg, et j’en sollicitai la permission comme une faveur. Cécile me l’accorda avec simplicité, avec franchise, et avec joie. Mais un travail que j’avais entrepris, des affaires, de l’indolence m’empêchèrent d’en profiter tout de suite, et bientôt rassuré sur le cœur de Cécile, je rougis de l’avouer, je mis moins de prix à ce que je ne craignais plus de perdre. Je recommençai dans mes lettres à parler du bonheur de l’indépendance, tout en ajoutant mille protestations d’amour. Cécile, ne comprenant rien à mes étranges vacillations, ne disputait pas dans ses réponses, mais exprimait le désir d’une entrevue qui nous servirait à nous entendre. Je renvoyai d’un jour à l’autre. Le temps s’écoula. Un décret de la Convention qui obligeait les propriétaires de rentes viagères à produire leurs titres légalisés par un ambassadeur neutre, me fit croire que je devais retourner en Suisse, pour faire ce que j’aurais pu faire à Hambourg. Je mandai à Cécile que je ne la verrais qu’à mon retour que je peignis comme peu éloigné, et je partis de nouveau pour la Suisse, où j’arrivai le 18 août 1794. Cécile, bien qu’un peu surprise de ce renversement de tous nos projets, chercha néanmoins à m’excuser dans son cœur. Elle crut à l’importance de mes affaires. Ses lettres toujours affectueuses et douces m’auraient sans doute ramené vers elle, et déjà je m’occupais, quoique négligemment encore, de m’en approcher lorsque je rencontrai, par un hasard qui eut sur ma vie une longue influence, Mme de Malbée, la personne la plus célèbre de notre siècle, par ses écrits et par sa conversation. Je n’avais rien vu de pareil au monde. J’en devins passionnément amoureux. Cécile fut pour la première fois complètement effacée de ma mémoire. Je ne lui répondis plus. Elle cessa enfin de m’écrire ; et ici commence dans notre histoire une vaste lacune, interrompue seulement, de temps en temps, par des circonstances en apparence insignifiantes, mais qui semblaient nous avertir d’un bout de l’Europe à l’autre que nous avions été destinés à nous unir.

 

A suivre

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 10:00

http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcS4TURsBp7TddFqdPSawMMF52nfpnrUrfq7hne_uUWngQMdypd_0QLa douceur de Cécile, mon goût pour elle, et une espèce de sympathie qui nous a toujours unis, qui nous unit encore, et qui fait que je ne suis jamais deux heures auprès d’elle sans me trouver plus heureux, me conduisirent bientôt à désirer ce que d’abord au fond du cœur j’étais plutôt disposé à craindre. Cependant, comme je mettais beaucoup d’intérêt à ce que l’on ne me soupçonnât pas d’avoir brisé mes premiers nœuds dans le seul but d’en contracter d’autres, je voulus quitter Brunswick. Nous nous promîmes Cécile et moi amour et fidélité. Je lui demandai le secret sur nos projets, jusqu’à ce que mon divorce et le sien fussent prononcés, et je partis pour les eaux de Pyrmont, où j’allai promener mon oisiveté et les incertitudes qui tourmentaient encore mon imagination mobile et mon caractère indécis. Le jeu, la solitude au milieu d’une société nombreuse, le repos, la liberté de la vie des bains, me parurent, au sortir d’une vie triste et agitée, des jouissances, et tout en me regardant comme engagé avec Cécile, tout en sentant qu’elle méritait mon affection, je n’envisageais quelquefois qu’avec crainte le moment où je me trouverais de nouveau chargé de la vie et de la destinée d’une autre. J’écrivais néanmoins toujours à Cécile avec une tendresse que j’éprouvais réellement, et ses lettres me causaient un vif plaisir, quand elles me retraçaient le sentiment que je lui avais inspiré. Mais je n’avais pas une grande impatience que l’époque de changer de situation arrivât. Un mois s’était à peine passé, quand Cécile m’écrivit qu’elle avait à me parler sur des choses importantes et qu’elle me donnait un rendez-vous pour un jour fixe à Cassel. Je montai à cheval, et je m’y rendis, mais dans une disposition dans laquelle il y avait moins d’empressement que de crainte de lui causer de la peine, et je me souviens que pendant la route j’avais quelquefois le mouvement d’être presque importuné de cette entrevue. Arrivé à Cassel, je n’y trouvai point Cécile, et je l’attendis tout un jour. Ce retard m’étonnant et me faisant redouter qu’un événement imprévu n’eût renversé nos projets, je me rattachai à Cécile, par la crainte de la perdre, et durant les trois dernières heures, toutes les inquiétudes de l’amour s’étaient emparées de moi. Je vis enfin Cécile descendre de sa voiture, et sa présence m’ayant rassuré, je repris un peu de mes impressions premières. J’appris d’elle qu’elle touchait au moment de sa liberté complète. La mienne n’était point éloignée. Je crus donc apercevoir à très peu de distance l’époque où j’allais contracter de nouveaux nœuds. Cette idée me donna quelque chose de contraint. Cécile ne le remarqua pas, parce qu’elle-même était gênée par le secret qu’elle avait à me dire, et je ne fis pas attention à l’embarras de Cécile, parce que le mien m’occupait en entier. Nous passâmes ainsi trois jours, nous aimant beaucoup, mais causant de choses et d’autres et presque point sur notre avenir. Quoique la figure de Cécile fût très séduisante, je n’imaginai point de profiter de nos tête-à-tête, au milieu d’une ville où nous étions inconnus. Je voyais dans Cécile une personne qui probablement serait ma femme et sous ce rapport je voulais la respecter. Peut-être craignais-je aussi et de l’offenser par des tentatives déplacées, et de m’enchaîner plus étroitement, si par hasard j’avais réussi. Cécile devait repartir le quatrième jour, et nous touchions à la fin du troisième, sans que j’eusse appris pourquoi nous avions fait chacun vingt à trente lieues pour nous rencontrer. Elle me dit enfin qu’elle allait être libre, mais que son père, qui n’avait consenti qu’avec une extrême répugnance à son divorce, et dont l’opinion ne m’était pas favorable, n’avait calmé sa colère, qu’à la condition expresse que de plusieurs années elle ne m’épouserait pas. L’obstacle était donc là, inattendu, insurmontable. Car Cécile n’était pas majeure, et quand elle l’eût été, jamais elle n’aurait pris sur elle de désobéir à son père. Il ne m’en fallut pas davantage pour tomber dans un désespoir sans bornes. Je passai la nuit à pleurer aux pieds de Cécile, qui cherchait à me consoler de cette douleur qu’elle ne savait pas être si subite et si peu d’accord avec ma disposition précédente. Je l’accompagnai jusqu’à la terre de son frère aîné, où je trouvai une famille qui m’accueillit assez froidement, et sa belle-sœur exigea d’elle que je repartirais le lendemain même. Ces difficultés ajoutèrent à mon irritation et par conséquent à mon amour. Je proposai à Cécile de l’enlever. Elle refusa. Je repris tristement la route de Pyrmont : et ce fut avec les angoisses de l’amant le plus désolé que je revis les mêmes lieux que j’avais traversés cinq jours plus tôt, presque importuné de l’entrevue que Cécile avait fixée. Ma peine était si déchirante que je pouvais à peine me tenir à cheval, et que je me couchais quelquefois à terre, poussant des cris et versant des pleurs. De retour à Pyrmont j’appris par des lettres de Suisse une banqueroute dans laquelle ma fortune presque entière était compromise et qui exigeait ma présence immédiate. Je retournai vers Cécile, je ne pus la voir qu’un instant et en secret. Elle était surveillée par sa belle-sœur et craignait d’irriter son père. Nous nous affligeâmes ensemble. Nous nous prodiguâmes mille serments d’amour, et je me jetai dans une chaise de poste, pour aller sauver ma fortune, si je le pouvais, et me promettant surtout, quoi qu’il arrivât d’être bien vite de retour, et de m’établir dans quelque lieu voisin du séjour de Cécile, même s’il m’était interdit de la voir souvent.

 

Dimanche est jour de repos, à suivre lundi

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 10:00

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e8/Benjamin_constant_2.png/474px-Benjamin_constant_2.pngJe rentrai chez moi plein d’un mouvement factice, et je m’agitais pour l’entretenir. Je trouvai ma femme seule et je commençai une conversation qui devint bientôt d’autant plus amère qu’il y avait moins de sentiment de part et d’autre. Ma femme voulut sortir. Je lui ordonnai de s’asseoir et de m’écouter. Elle obéit : j’étais si peu accoutumé à l’autorité que je demeurai tout interdit de son obéissance. Je ranimai pourtant ma colère. Je parlai des droits d’un époux, de ma volonté, de mon pouvoir. Je ne savais trop ce que je voulais précisément. J’ai toujours eu au fond du cœur une sorte de bonté qui m’empêche d’exiger ce qui fait aux autres une peine réelle, le résultat de chacune de mes paroles semblait devoir être d’interdire à ma femme toute liaison ultérieure avec l’homme dont je semblais avoir pris ombrage : et j’hésitais pourtant à prononcer cet ordre parce qu’il me paraissait injuste ; et peut-être aussi parce que mon attachement pour Cécile m’ôtait à mes propres yeux le droit d’exiger un sacrifice que je n’étais point disposé à récompenser. Si ma femme avait eu assez d’esprit pour démêler ce qui se passait dans mon âme, nous nous serions calmés de fatigue, et les choses en seraient restées dans leur état précédent. Mais elle se crut menacée dans sa passion, et supposant ce que je n’avais point encore prononcé, elle me dit qu’elle immolerait à son propre honneur l’affection que je lui reprochais, mais qu’elle ne voulait revoir de sa vie l’homme qui sans l’aimer lui faisait éprouver une pareille douleur. Des expressions blessantes qui accompagnaient cette déclaration m’irritèrent, et je souscrivis à une proposition qui jusqu’alors ne s’était point offerte à ma pensée. Nous convînmes de ne mettre personne dans notre secret. Il n’était point question de divorce. Nous nous promîmes de ne plus entrer dans l’appartement l’un de l’autre, de séparer le plus possible nos intérêts, de ne nous rencontrer que dans le monde, et d’agir toujours, dans toutes les occurrences que nous ne pouvions prévoir, de la manière la plus propre à ne pas nous nuire, mais aussi à ne pas nous voir mutuellement. Nous signâmes cette espèce de traité. Le lendemain nous fîmes tous les arrangements qui en étaient la conséquence. Je repris une portion de meubles nécessaires pour un appartement à part, et entre autres un vieux pianoforte, que mon père m’avait donné, et auquel j’attachais beaucoup de prix. Nous vécûmes ainsi quelques jours. Ma femme ne se crut pas très liée par la promesse qu’elle m’avait faite de ne plus recevoir le Prince Nariskin, et j’étais si fatigué de tout orage intérieur que je ne songeai pas à réclamer contre cette violation de sa parole. Cette espèce de rupture, quoiqu’elle n’eût rien d’ostensible, fit nécessairement le sujet des entretiens d’une petite cour oisive et curieuse. Cécile, qui sans être entrée pour rien, comme on voit, dans ce qui s’était passé, était ma confidente, craignit de se voir accusée d’être la cause de quelques torts de ma part envers ma femme : et à sa prière, je mis plus de réserve dans mes visites, et je travaillai à faire tomber tous les bruits qui auraient pu compliquer sa situation. Un soir j’étais chez moi seul, et assez triste de ma solitude. J’ouvris le piano que ma femme m’avait renvoyé. Une lettre frappa mes regards. Elle était du Prince à ma femme. Elle ne laissait aucun doute sur leurs liens réciproques et sur les suites que ces liens pouvaient avoir, suites sur lesquelles le Prince tâchait de la rassurer. À cette lecture, mon honneur endormi se réveilla. Il y a des choses que l’on soupçonne, qu’on veut ignorer, mais dont on ne peut tolérer la preuve. J’allai chez ma femme. Je lui montrai cette lettre. Je puis vous perdre, lui dis-je, mais je ne le veux pas. Rompons une union qui ne peut plus subsister. Demandez votre divorce. Accusez-moi de tous les torts qui ne flétrissent pas la réputation d’un homme. Je ne vous reprocherai rien, mais je veux être libre, et ne pas donner mon nom à un enfant qui me force à mépriser à jamais sa mère. Ma femme voulut entrer dans quelques explications. Je ne voulus rien écouter. Je lui donnai jusqu’au lendemain pour se décider, et je sortis en gardant la lettre. Le jour suivant, un des parents de ma femme vint conférer avec moi sur les mesures à prendre. Je me prêtai à tout, j’abandonnai une partie de ma fortune. Le divorce fut demandé, de consentement mutuel. On m’attribua beaucoup de torts. On plaignit beaucoup ma femme. On dit force mal de moi. Je me tus et m’en consolai. Prêts à devenir libres, Cécile et moi, il était assez naturel que nous pensassions à faire servir cette liberté à nous rendre heureux l’un par l’autre. Mais l’expérience que j’avais faite du mariage m’inspirait pour ce lien un très vif éloignement. C’est un usage en Allemagne que les maris s’occupent du sort des femmes dont ils se séparent, et la bonhomie allemande rend tout simple dans ce pays ce qui serait scandaleux ailleurs. Cécile, heureuse de me voir souvent, et n’ayant avec moi que des relations très pures, n’aurait peut-être jamais pensé à m’épouser. Mais M. de Barnhelm lui mit ce projet en tête. Depuis la demande du divorce, il s’était établi entre Cécile et M. de Barnhelm une espèce d’amitié. Cécile par une vengeance assez naturelle avait tâché de l’éclairer sur le caractère et sur la conduite de Mme de Salzdorf qui lui était assez peu fidèle, et il en était résulté que presque au même instant qu’il se séparait de sa femme il avait quitté sa maîtresse. Ce fut donc lui qui par intérêt pour Cécile crut devoir travailler à nous unir, et ce fut contre lui que j’eus à me défendre, dans les premiers moments de surprise que ce projet me causa. Mais je ne me défendis pas longtemps.

 

A suivre

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 10:02

Décidément, j'aime le prénom Cécile ! Voici un récit de Benjamin Constant, écrivain du XIXe siècle. Encore libertin, déjà romantique, c'est un joli témoignage des relations amoureuses à cette époque. Je vous donne rendez-vous chaque jour vers 10 heures du matin pour lire la suite de cette première page.

 

 

 

Italiam, Italiam

 

PREMIÈRE ÉPOQUE

11 janvier-31 mai, 1793

 

       Ce fut le 11 janvier 1793 que je fis connaissance avec Cécile de Walterbourg, aujourd’hui ma femme. Elle était mariée, depuis environ deux ans, avec un Comte de Barnhelm, beaucoup plus âgé qu’elle. La sœur aînée de Cécile avait fait ce mariage, le Baronne de Salzdorf, c’était son nom, liée pendant vingt années avec M. de Barnhelm, avait imaginé d’en faire son beau-frère, pour qu’il ne cessât pas d’être son amant. Sacrifiée à cette odieuse intrigue, Cécile découvrit bientôt les rapports de sa sœur aînée avec son mari, et sans dévoiler ses motifs à sa famille, parce qu’elle ne voulait pas affliger la vieillesse de son père, elle eut le courage de rompre toute liaison intime avec un homme qu’elle regardait comme indigne d’elle. Cette résolution, après l’avoir exposée à beaucoup de persécutions intérieures, lui donna, dans le public, une réputation de bizarrerie à laquelle elle se résigna, sans essayer de s’en justifier. Elle vivait seule, dans la maison de M. de Barnhelm, qu’elle ne voyait presque jamais, et ne paraissait que fort rarement à la Cour de Brunswick, où son mari occupait une place. J’étais moi-même au service du duc de Brunswick, et marié à une femme que j’avais épousée par faiblesse, que j’avais aimée par bonté d’âme plus que par goût depuis mon mariage, et dont l’esprit et le caractère me convenaient assez peu. Pendant une absence que j’avais faite pour aller en Suisse, ma femme s’était attachée à un prince russe âgé de dix-huit ans. Cette passion, que j’avais, à mon retour, trouvée dans toute sa force, m’avait déplu comme inconvenance, plus qu’elle n’avait blessé mon cœur. Fort jeune, fort impatient, mais mettant assez peu de suite dans mes volontés, je n’avais aucune autorité sur ma femme. Je n’avais eu d’affection pour elle que par une sorte de complaisance, de sorte que mon affection cessa, dès que je m’aperçus qu’elle n’en avait plus besoin. Je n’essayai donc point de la ramener par des formes tendres ou douces. De temps en temps, ma qualité de mari me donnait des velléités de commander : mais je m’ennuyais bientôt moi-même de cet effort. La liaison de ma femme avec le Prince, quelquefois troublée par des scènes violentes, mais courtes, que je ne faisais qu’à contrecœur, continua donc sous mes yeux, et quelquefois, oubliant ma propre situation, je contemplais ces deux personnes, que ma présence gênait, et je ne pouvais m’empêcher de porter envie à ces deux cœurs ivres d’amour. Un jour, nous avions passé la soirée à nous trois dans un assez profond silence. Mais les regards des deux amants, leur intelligence réciproque qui se trahissait dans les moindres choses, le bonheur qu’ils éprouvaient à se trouver ensemble, quoiqu’ils ne pussent se dire un mot sans être entendus, me jetèrent dans une profonde rêverie. Qu’ils sont heureux, me dis-je, en rentrant dans ma chambre ! et pourquoi donc serais-je privé d’un pareil bonheur ? pourquoi donc, à vingt-six ans, n’éprouverais-je plus d’amour ? Je passai la nuit occupé de ces pensées, et le matin je parcourus dans mon imagination toutes les femmes que je connaissais à Brunswick, sans qu’aucune me frappât de manière à me faire espérer que je pourrais en devenir amoureux. Je fus appelé par le service de la Cour à dîner chez une vieille duchesse, mère du Duc régnant. Après le dîner elle se mit à causer avec moi, et me demanda tout à coup si je connaissais Mme de Barnhelm. Je ne l’avais point remarquée, vu la solitude dans laquelle elle vivait, et son idée ne s’était pas présentée à moi durant mes méditations de la matinée. Mais en l’entendant nommer je me dis tout à coup que peut-être elle remplirait mieux mon but qu’aucune des femmes dont j’avais cherché à me retracer l’image. En sortant de chez la Duchesse, je partis http://www.latelierdartistes.com/var/ezwebin_site/storage/images/nouveautes/portrait-de-femme/11688-1-fre-FR/portrait-de-Femme_large.jpgpour aller la voir. M. de Barnhelm y était, en veste, et jouant du violon. Sa femme était assise sur un canapé avec un air d’ennui très visible. Je lui trouvai une figure agréable, une peau très blanche, un son de voix doux, de beaux cheveux, des bras et une poitrine superbes. Je lui écrivis le soir une déclaration positive. Je n’étais point du tout amoureux d’elle en la lui envoyant. Mais sur sa réponse, qui était convenable, spirituelle, froide, polie et qui se terminait par un refus absolu de me recevoir à l’avenir, je ressentis ou crus ressentir la passion la plus violente. J’écrivis de nouveau, je demandai pardon de ma hardiesse, je me bornai à supplier qu’elle tolérât un sentiment que je ne voulais plus appeler qu’une sincère et vive amitié. Nous négociâmes pendant quelques jours. J’obtins enfin d’être reçu de nouveau. Je multipliai mes visites. Je proposai des lectures, et notre vie s’établit de manière à ce que nous passions tous les jours à peu près une heure ensemble. Un mois s’écoula ainsi, sans que je fisse aucune tentative pour être heureux autrement que par la société de Cécile, qui chaque jour me recevait avec plus d’affection, et se liait avec moi par l’habitude. Je ne sais combien de temps la chose aurait duré sur ce pied, mais M. de Barnhelm, malgré ses liens avec la sœur de Cécile, et la barrière qui le séparait depuis si longtemps de sa femme, s’avisa soudain de devenir jaloux. Je fus forcé d’interrompre mes visites. Cécile en fut presque aussi triste que moi. Le désespoir que je témoignais lui fit éluder quelquefois la défense que M. de Barnhelm ne lui paraissait pas trop en droit de lui faire. Nous nous vîmes à la promenade, au spectacle, dans quelques assemblées, jamais chez elle, et jamais seuls. M. de Barnhelm cependant redoublait d’exigence et de violence, tout en continuant sa liaison publique et scandaleuse avec Mme de Salzdorf. Il en résulta des agitations, des scènes, et surtout de la part de Cécile une tristesse profonde. Son mari, qui n’avait montré de la jalousie que par une vanité qui ne pouvait pas être longtemps dominante dans un caractère indolent et égoïste comme le sien, s’ennuya de voir son intérieur ainsi troublé et mélancolique. C’était un homme plutôt personnel que dur. La vue d’une jeune femme souvent dans les larmes le peinait et le fatiguait. Il imagina enfin de proposer à Cécile suivant les lois et les mœurs allemandes, un divorce qui lui rendît son indépendance. Cécile qui de fait n’était plus sa femme, accepta cette proposition avec empressement, et les premières démarches furent faites, sans que nous prévissions, elle ni moi, que sa liberté pourrait lui fournir un moyen d’unir sa destinée à la mienne. En effet j’étais marié, et ni la passion que ma femme affichait pour le petit prince dont j’ai parlé ci-dessus, ni mon amour pour Cécile ne m’avaient conduit à désirer de briser des liens qui ne me gênaient aucunement. Mais il arriva tout à coup dans mon ménage un événement dont le résultat fut de me rendre aussi une liberté dont je ne songeais point à faire usage. Mme de Salzdorf donnait une grande fête, où toute la cour était invitée. Le Prince Nariskin, c’était ainsi que s’appelait le jeune amant de ma femme, y fut prié. Ma femme reçut de même une invitation. Je fus seul exclu, parce que Mme de Salzdorf avait supposé qu’il serait désagréable à M. de Barnhelm de me rencontrer. Elle ignorait ses projets de divorce, qu’il lui avait cachés de peur qu’elle ne les contrariât et que Cécile, qui lui savait mauvais gré de ce qu’elle avait arrangé son triste mariage, s’était bien gardée de lui confier. La veille du jour où cette fête devait avoir lieu, je dînais à la Cour, et je me trouvais placé à côté d’une dame d’honneur, vieille et laide : je lui témoignai ma surprise de l’exclusion que Mme de Salzdorf m’avait donnée. Je n’y attachais pas en lui parlant une grande importance. Mais lorsqu’elle apprit que ma femme y était invitée sans moi, elle me parla d’abord avec ménagement de ma situation domestique. Son âge semblait lui donner le droit de s’immiscer dans les affaires d’un jeune homme qui dirigeait assez mal sa vie et qui en avait l’air fort mécontent. Je n’ai d’ailleurs jamais su imposer aux autres de manière à ce qu’ils ne me disent pas ce que je n’aurais pas dû entendre. Tout le monde s’est toujours cru appelé à me conseiller. Je fais bon marché de moi-même parce que je ne m’intéresse guère. J’écoute paisiblement les autres, parce qu’ils ne m’intéressent point, et c’est à force d’indifférence que je prends une apparence de docilité et de bon enfant qui encourage les donneurs d’avis. De plus, la personne avec laquelle je causais était, comme je l’ai dit, laide et vieille. Ma femme, sans être jolie, avait pourtant sur elle l’avantage de l’âge et de la figure. Il y a une inimitié secrète entre toutes les femmes, surtout entre celles d’âges différents. La conversation s’échauffa, et après les préambules ordinaires, où l’on motive la haine sur l’amitié, et la calomnie sur l’intérêt, nous en vînmes à une explication franche. On me révéla mille détails qui me surprirent, mille observations qui me blessèrent. On me peignit avec force la déconsidération d’un mari tolérant, le ridicule d’un mari trompé.

 

A suivre

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 18:14

http://www.premiere.fr/var/premiere/storage/images/cinema/photos-film/photos-acteur/images/calmos-19754/25262598-1-fre-FR/CALMOS-1975_diaporama.jpgVoilà un film que je "devrais" détester... et que j'adore. Considéré comme un film misogyne à sa sortie en 1976, il a été critiqué de toutes parts et n'a rencontré aucun succès.

 

Et puis, avec le temps, au lieu de finir dans les oubliettes, il s'est bonifié jusqu'à devenir un nectar de première qualité, un film culte d'autant plus recherché qu'il n'est pas facile à trouver en DVD et que ses diffusions à la télévision ne sont pas nombreuses.

 

Et pourtant, il a de plus en plus d'admirateurs. Il a même traversé les frontières, se faisant une réputation jusqu'en Russie. 

 

Tous ceux (et celles, j'en fais partie) qui aiment ce film se sentent liés par un fil invisible, comme s'ils appartenaient à la même communauté secrète. A chaque nouveau membre, on a envie de chanter : "Il (elle) est des nôtres, il(elle) a bu son verre comme les autres."

 

Rien qu'en prononçant le titre, j'ai le sourire qui me vient aux lèvres. Pourtant, l'histoire a de quoi dérouter : "Paul (Jean-Pierre Marielle) et Albert (Jean Rochefort) en ont marre des femmes. Ils abandonnent tout pour aller s'installer dans un village perdu. Ils y rencontrent un  curé formidable (Bernard Blier) qui les rappelle aux plaisirs simples de la vie. Bientôt, leur exemple inspire des milliers d'hommes qui les rejoignent, fuyant l'hystérie féministe des années 70. Alors arrive un escadron d'amazones nymphomanes. La guerre des sexes est déclarée."

 

Le film Calmos est-il misogyne ? Rien n'est moins sûr. Après tout,  dans la scène du métro, ne fait-il pas comprendre aux hommes ce que l'on éprouve à être un objet sexuel harcelé et traqué sans répit ?

 

Le film est-il une charge contre les féministes ? Peut-être, et ce n'est pas pour me déplaire. Car je pense qu'elles sont  plus hostiles aux femmes que bénéfiques.

 

L'extrait ci-dessous montre Jean-Pierre Marielle et Brigitte Fossey, son épouse dans le film. C'est une des scènes cultes, mais tout le film est une succession de scènes mémorables : l'examen gynécologique, la rue Gustave Flaubert, l'évocation du maquis par Claude Piéplu, le dîner avec les deux prêtres, la nouvelle interprétation de la Marche Lorraine par Dora Doll et ses soldates, le laboratoire sexuel dirigé par Sylvie Joly, etc.

 

On sent que tous les acteurs et actrices se sont bien amusés à tourner ce film. Et ce plaisir rejaillit sur les spectateurs.

 

Bertrand Blier a dit à propos du film : "C'était après Les valseuses. Toutes les portes étaient ouvertes de manière royale." Même ouvertes, il les fracassent et fait sauter les verrous les uns après les autres. Et l'on s'enfile de plus en plus loin dans les méandres du cerveau humain jusqu'aux plus petites cellules. Qu'y a-t-il à l'intérieur ? Un grand éclat de rire.


 

 
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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 17:42

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/35/84/59/18876938.jpgJ'adore l'extrait du film Certains l'aiment chaud (Some like it hot) où Marilyn Monroe danse et chante Running Wild, tout en jouant de cette minuscule guitare qu'on appelle ukulélé.

 

La scène se passe dans le wagon d'un train. Un orchestre féminin auquel se sont joints deux musiciens travestis en femmes (Tony Curtis et Jack Lemmon) se rend en Floride après s'être produit à Chicago, ville où régnait la pègre au temps de la prohibition.

 

La chanson Running Wild, incarnée plus qu'interprétée par Marilyn Monroe, est une ode à la liberté, la joie et l'insouciance.

 

En voici les paroles originales :

 

Runnin' wild

Lost control

Runnin' wild

Mightly bold

Feelin gay

Boisterous too

Carefree mind

All the time

Never blue !

 

Always going

Don't know where

Always showing

I don't care

Don't love nobody

It's not worthwhile

All alone

Runnin' wild !


 

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 18:06

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/04/42/06/044206_im1.jpgA vrai dire, je ne sais que penser de la vidéo ci-dessous  qui est un décryptage des chants inclus dans la scène de rituel et d'orgie du film Eyes Wide Shut.

 

Dernier long métrage réalisé en 1998 par Stanley Kubrick, mort peu après avoir terminé le film, Eyes Wide Shut est  l'adaptation de La Nouvelle rêvée (Traumnovelle, 1925) de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler.

 

C'est l'histoire d'un couple confronté à l'infidélité (qu'il ne commettra pas). Les rôles principaux sont joués par Tom Cruise et Nicole Kidman, alors mari et femme.

 

Mais ce bref résumé ne tient pas compte de tous les niveaux de lecture du film. La vidéo d'Adzo est l'une des interprétations de la scène-clé du film, réception masquée dans un mystérieux château.

 

 


   
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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 22:32

http://cachens.corbis.com/CorbisImage/printlet/10/03/43/10034394/HU019045.jpgL'année de leur rencontre en 1931, Pierre Fresnay et Yvonne Printemps étaient mariés chacun de leur côté :  lui avec une actrice, Berthe Bovy, elle avec le célèbre Sacha Guitry. Après avoir divorcé, ils formeront  un couple inséparable. Ils n'eurent d'enfants ni l'un ni l'autre, ni ensemble ni avec leurs conjoints précédents : à l'époque, on pensait que la vie de saltimbanques était incompatible avec l'élevage (oh, pardon, l'éducation) des enfants.


Pierre Fresnay (1897-1975) avait débuté à la Comédie-Française, Yvonne Printemps (1894-1977) aux Folies-Bergère où ses talents de danseuse et de chanteuse lyrique firent merveilles. Ils tourneront huit films ensemble, dont La dame aux camélias en 1934, Trois valses en 1938 et La valse de Paris en 1949.

 

La carrière de Pierre Fresnay  éclipsa progressivement celle de sa compagne, avec des  chefs-d'oeuvre tels que la trilogie de Marcel Pagnol (Marius, Fanny et César), La grande illusion de Jean Renoir en 1937 où il est inoubliable dans le rôle du capitaine de  Boëldieu face à Erich von Stroheim, L'assassin habite au 21 et Le corbeau de Henri-Georges Clouzot durant la Seconde Guerre mondiale. Il faut citer aussi Monsieur Vincent en 1947, la vie romancée de Saint-Vincent de Paul, et ne pas oublier Les vieux de la vieille en 1960 où le trio qu'il forme avec Jean Gabin et Noël-Noël s'en donne à coeur joie.

 

Yvonne Printemps abandonnera le cinéma en 1951 pour se consacrer à la scène et au chant.  Elle sera codirectrice, avec Pierre Fresnay, du théâtre de la Michodière. "Pendant une quarantaine d'années, Paris vécut au rythme du couple qu'il forma avec l'actrice et chanteuse Yvonne Printemps, amante puis persécutrice d'un homme dont le talent finit par dépasser le sien." En couple moderne avant l'heure (ou après l'heure), ils auront des aventures chacun de leur côté tout en restant ensemble.


Je me souviens d'une anecdote racontée par Michel Galabru qui avait joué à leur côté. Yvonne Printemps avait l'habitude de s'adresser à son compagnon en termes brusques et injurieux. Indigné, Michel Galabru avait dit à Pierre Fresnay : "Mais enfin, ne vous laissez pas traiter  de la sorte !" et celui-ci lui avait répondu : "Là où vous entendez une insulte, j'entends un mot d'amour."

 

 

 


 
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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 23:30

http://images.doctissimo.fr/cinema-television/photo/7397496739/photographies-cinema-theatre/audrey-hepburn-1276792111d.jpgLa scène d'ouverture du film Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany's) est un absolu d'élégance, comme on dirait un absolu de rose dans le langage des parfumeurs.

 

Qui mieux qu'Audrey Hepburn pouvait incarner cette élégance, toute de contraste et d'humour, comme se doit d'être la vraie élégance selon les spécialistes de la mode ?

 

Dès les premières secondes, nous voyons s'avancer un taxi jaune qui s'arrête dans une rue de New York. Il en sort une Audrey Hepburn en robe du soir Givenchy, collier à multiples rangs de perles et chignon avec mini-diadème. Une limousine conviendrait mieux à sa tenue, mais Audrey Hepburn, comme toute élégante qui se respecte, bannit le total look.

 

Se rend-elle à une soirée chic ? Non, elle regarde la vitrine  d'une bijouterie Tiffany, célébre marque américaine, et, de ses mains gantées de noir, faites pour tenir une coupe de champagne et un petit four au caviar, elle sort d'un sachet de papier un croissant et un gobelet de café. Elle prend son petit déjeuner tout en admirant les bijoux. Mais où a-t-elle passé la nuit, la nuit entière ?

 

Ah ! Elle porte aussi des lunettes de soleil. Ce n'est pas à cause de la clarté de l'aube. Est-elle éblouie par les diamants qu'elle voit scintiller dans la vitrine ?

 

Puis elle continue son chemin à pied pour rentrer dans son petit appartement, loin d'être luxueux comme le serait un loft new yorkais. Etre pauvre et porter une robe de grand couturier,  est-ce compatible ? Oui, si l'on s'appelle Audrey Hepburn, ou plutôt Miss Holly Golightly, le personnage qu'elle joue, celui d'une escort girl qui rêve d'épouser un homme riche et tombera sous le charme d'un écrivain gigolo qui ne le restera pas longtemps (gigolo, je précise).

 

Cette jolie histoire semble moderne, mais le film - disons-le - est franchement démodé. Il est vrai qu'il date de 1961. Peu importe, la grâce d'Audrey Hepburn et la jeunesse de George Peppard, pas encore chef de L'agence tous risques, suffisent à rendre un film inoubliable.

 

Et justement, n'oublions pas la musique de Henry Mancini, qui donne à tout le film un doux parfum de nostalgie.

 

 

 


 
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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 16:56

Après les cuisses de Cécile de France, examinons le téléphone portable (et mobile) de Sharon Stone : celui qu'elle arbore dans Largo Winch 2, la suite de Largo Winch (premier du nom).

 

Dans ce film d'action réalisé par Jérôme Salle, avec Tomer Sisley très à l'aise dans la peau de Largo Winch, héritier du groupe W qu'il a décidé de vendre afin de créer une fondation humanitaire, Sharon Stone joue le rôle d'un(e) procureur(e) (pourquoi pas procuratrice ?) chargée de mettre en accusation Largo Winch pour crimes contre l'humanité. Celui-ci devra prouver son innocence et n'y parviendra qu'à la suite d'un nombre impressionnant de bagarres, courses poursuites, cascades, combats sur terre et dans les airs, etc.

 

Sharon Stone, très à l'aise dans la peau de Sharon Stone, rejoue sans se lasser - ni nous lasser - le rôle de la femme intelligente et sensuelle, croisant et décroisant les jambes  comme dans Basic Instinct (Pourquoi se renier ?).

 

Mais l'accessoire inattendu, plus sexy qu'une paire de Louboutin à semelles rouges et plus original que le chapeau vert de Dame Tartine qu'elle portait  lors du Journal Télévisé de TF1 pour la présentation du film, c'est le téléphone à bande rouge bordée de noir, sans doute un modèle spécial de Sumsang ou Nakio, imaginé pour Sharon Stone qui le tient  contre sa joue avec un air ambigu très stonien.

 

http://s2.lemde.fr/image/2011/02/10/540x270/1477942_3_013b_sharon-stone-dans-le-film-francais-de-jerome.jpg

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