Jamais je ne pardonnerai à la réalisatrice Agnès Varda, dans son film Jane B. par Agnès V. tourné en 1987, d'avoir voulu transformer Jane Birkin, actrice et chanteuse rigolote et sexy, en une ménagère de moins de 50 ans, aux rides naissantes et cernes marqués, en une mémère préoccupée de ses petits problèmes quotidiens, en une féministe dénuée de séduction. Bref, en un clone d'Agnès Varda.

Ouf, elle n'y est pas (totalement) parvenue ! Mais Jane l'a échappé belle...

Retrouvons Jane, toujours sexy, drôle et parfois mélancolique, sur un florilège de photos antérieures à sa période A. Varda. Elle chante Ex-fan des Sixties, dont la musique et les paroles ont été écrites par Serge Gainsbourg, son ancien compagnon et père de sa fille Charlotte.

Le charme discret de la bourgeoisie est un film sur l'enfer. Les premières et les dernières images nous montrent six bourgeois condamnés à marcher sur une route sans fin qui traverse des "verts paturages" dont ils seront exclus à jamais. Le reste du film est une succession de repas interrompus avant d'avoir commencés, car ces personnes ont commis trop de mauvaises actions leur vie durant pour avoir le droit de prendre part au "festin".

Luis Bunuel, le réalisateur de ce film tourné en 1972, nous présente une brochette de bourgeois sacrément séduisants sous les traits de Jean-Pierre Cassel, Bulle Ogier, Delphine Seyrig ou Stéphane Audran, parfaite maîtresse de maison, hôtesse idéale. Je ne me lasse pas de l'admirer, toujours élégante, les cheveux lisses et l'oeil qui frise, allant au-devant de ses invités pour les accueillir avec les mêmes gestes et les mêmes paroles de bienvenue qu'elle répète tout au long du film.

Le plus grand crime de ces bourgeois est d'avoir traversé la vie sans prendre conscience de ce qui se passait autour d'eux. Et la mort, visiblement, ne leur a pas ouvert les yeux. Mais est-ce un enfer, l'enfer dont on n'a pas conscience ?

Heureusement, dans Le festin de Babette, film tourné par Gabriel Axel en 1987, Stéphane Audran est au coeur du paradis. En préparant elle-même le "festin", elle fera connaître à ses convives danois les joies célestes et les plaisirs de la bonne chair. Quelle revanche !