Puisqu'un seul vers d'Albert Samain a inspiré de si belles réactions, je vais — en guise de punition — vous proposer la lecture d'un poème entier, peut-être le plus connu, de ce "romantique à la mélancolie désenchantée" qui mena une existence modeste à Lille comme employé de banque, puis à Paris comme expéditionnaire à la préfecture de la Seine.
Voici les vieux métiers : le cuir, le fer, le bois.
La chanson d'établi dans les copeaux éclose ;
Le marteau sur l'enclume, et le fer chaud qu'on pose,
Et cet osier qui court flexible entre les doigts.
Ah ! vivre ici pareil au ciel changeant des mois !...
La ville a pour ceinture un clair jardin de roses.
Ah ! vivre ici parmi l'innocence des choses,
Près de la bonne terre, et loin des tristes lois.
O songe d'une vie heureuse et monotone !
Bon pain quotidien ; lait pur ; conscience bonne ;
Simplicité des cœurs levés avant le jour...
Albert Samain (1858-1900), Le Chariot d'or
Henri Alexandre Collinet, Le Forgeron
Alexandre Gabriel Decamps, Le Rémouleur
Jean-François Millet, Le Fendeur de bois