En réaction contre le Romantisme qui exaltait les sentiments, le Réalisme s'est imposé dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ce courant artistique et littéraire visait à représenter la société telle qu'elle est, sans l'idéaliser.
Le roman Renée Mauperin, écrit en 1864 par les frères Goncourt, nous fait entrer dans la famille Mauperin dont le père, ancien officier de Napoléon, est devenu industriel sous le Second Empire. Dans l'extrait ci-dessous, le fils Henri, jeune avocat, révèle à sa mère ce qu'il pense du mariage.
« Je veux me marier, mais bien me marier... Laisse-moi faire, tu verras. Sois tranquille, je ne suis pas de ceux qu'on prend avec un : Elle a de si beaux cheveux et elle aime tant sa mère !... Vois-tu, maman, sans en avoir l'air, j'ai beaucoup réfléchi au mariage... Ce qu'il y a de plus difficile à gagner dans ce monde, ce qui se paye le plus cher, ce qu'on arrache et ce qui se conquiert, ce qu'on n'obtient qu'à force de génie, de chance, de bassesses, de privations, d'efforts enragés, de persévérance, de résolution, d'énergie, d'audace, de travail, c'est l'argent, n'est-ce pas ? c'est le bonheur et l'honneur d'être riche, c'est la jouissance et la considération du million. Eh bien, j'ai vu qu'il y avait un moyen d'arriver à cela, à l'argent, tout droit et tout de suite, sans fatigue, sans peine, sans génie, simplement, naturellement, immédiatement et honorablement : ce moyen, c'est le mariage... J'ai encore vu ceci : c'est qu'il n'y avait besoin ni d'être supérieurement beau, ni d'être étonnamment spirituel pour faire un mariage riche ; il fallait seulement le vouloir, le vouloir froidement et de toutes ses forces, masser sur cette carte-là toutes ses chances, faire en un mot sa carrière de se marier. »
Armand Cambon (1819-1885), Portrait de jeune homme