Séduite par le charisme et la virilité de Russell Crowe, l'acteur principal, j'ai vu trois fois, lors de sa sortie en juillet 2000, le film Gladiator réalisé par Ridley Scott.
A chaque séance, la fin du film me laissait une impression de gêne. Ce n'est que récemment, en revoyant le film à la télévision, que j'ai compris la raison de ce "malaise". Il vient de l'attitude de Lucilla (Connie Nielsen), soeur de l'empereur Commode et amoureuse de Maximus, et de la réaction - ou plutôt de l'absence de réaction - du peuple romain.
Il faut d'abord rappeler brièvement l'histoire :
"Le général romain Maximus (Russell Crowe) est le plus fidèle soutien de l'empereur Marc Aurèle. Jaloux de Maximus et furieux d'être écarté du pouvoir, Commode (Joaquin Phoenix), le fils de l'empereur, tue son père et ordonne l'exécution de Maximus. Celui-ci échappe à ses assassins mais ne peut empêcher le massacre de sa famille. Devenu gladiateur, il défie le nouvel empereur Commode et le tue lors d'un combat dans le Colisée de Rome."
Les dernières images du film nous montrent le héros, Maximus, qui vient de tuer Commode dont le corps est étendu sur le sable de l'arène.
Puis vient une très belle scène où le héros se sent mourir (Commode, le traître, l'avait poignardé juste avant le combat, ce qui explique son pas chancelant et son regard vitreux) et revoit sa famille qu'il va bientôt rejoindre dans l'au-delà.
Il s'écroule. Alors surgit Lucilla, soeur de l'empereur Commode, qui se précipite sur lui, le voit mourir, se relève et rend un vibrant hommage au général devant les gladiateurs, les membres du sénat et le peuple romain réunit dans l'arène, tandis que son frère gît sous son indifférence absolue.
Moi, je dis : impossible ! Elle ne peut agir de la sorte sans se faire huer (ou pire lyncher) par la foule. Pourquoi ?
Parce qu'elle est la soeur de l'empereur et, comme telle, considérée comme solidaire ou même complice de son frère, le tyran. Car le peuple romain n'a pas suivi toutes les péripéties de l'histoire dans une salle de cinéma, sur un écran géant avec le son Dolby Digital : il ignore que son frère était incestueux et pervers, qu'il menaçait de tuer son fils Lucius et qu'elle avait fait alliance avec le sénat pour le destituer.
Et forcément, le peuple devrait manifester sa colère en voyant Lucilla faire l'éloge du général Maximus au lieu de s'occuper de la dépouille de son frère, et la considérer comme une opportuniste qui retourne sa tunique pour tenter de sauver sa peau. Or, il reste impassible.
Heureusement, le film se termine sur des paroles de liberté. Et ce mot est toujours agréable à entendre.