Pour ce beau dimanche de la fête des Mères, j'ai choisi un poème de Théodore de Banville (1823-1891), poète français opposé à la fois au matérialisme de son époque et aux excès du lyrisme romantique. Dans ses recueils, il célèbre le culte de la beauté et manifeste une sensibilité teintée de sensualisme.
Lorsque, ma sœur et moi, dans les forêts profondes,
Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux,
En nous baisant au front, tu nous appelais fous,
Après avoir maudit nos courses vagabondes.
Puis, comme un vent d'été confond les fraîches ondes
De deux petits ruisseaux, sur un lit calme et doux,
Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux,
Tu mêlais en riant nos chevelures blondes.
Et pendant bien longtemps nous restions là blottis,
Heureux, et tu disais parfois : « O chers petits !
Un jour vous serez grands et moi je serai vieille ! »
Les jours se sont enfuis d'un vol mystérieux,
Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille
Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.
Théodore de Banville, Roses de Noël
Joseph Beaume (19e siècle), Maman et enfants